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La galinette de Mathieu
L'association Editions Plumes et Talents nous a proposé un concours "Jouer avec les mots". J'y ai participé rien que pour le plaisir et j'ai remporté la 2e place ! Il fallait avec 10 mots, qui n'ont aucun rapport les uns avec les autres, écrire une petite histoire cohérente d'une trentaine de lignes...
Les mots : Casserole - plage - lampe - orties - geste - tracteur - poussin - pantalon - église - bonbon
Voici mon texte composé le 30 septembre dernier :
La galinette de Mathieu
Aux yeux de sa drôlesse d’épouse, Mathieu n’était qu’un pedzouille, un cul-terreux de paysan, un clampin juste capable de cultiver des navets, des patates et des cornichons. Pauvre de lui ! Il traînait derrière lui une satanée casserole ! Pourtant, Il y a deux ans, il avait cru accomplir une bonne affaire en s’unissant à Galina, par les liens sacrés du mariage. Avec un nom pareil elle aurait pu le seconder et régner sur sa basse-cour, son potager et sa ferme comme une maîtresse femme. Puisque le prénom Galina en russe signifiait poule en français, il avait pensé bien naïvement qu’elle serait sa poule aux œufs d’or. Pour sûr ! Sa galinette était tellement resplendissante ! N’avait-elle pas joué les starlettes sur la plage de Saint-Tropez ? Il avait été si fier de la présenter à son entourage, puis de l’avoir à son bras à l’église. Tel était pris qui croyait prendre ! Il aurait mieux valu qu’il se marie avec Mauricette, son ex-fiancée. Hélas, elle n’était pas aussi attirante ! Avec ses traits hommasses et sa silhouette trapue, elle n’avait pas fait long feu dans le cœur de Mathieu. Son physique ingrat ne l’avait guère avantagée et elle avait été vite éconduite. En attendant, il aurait dû se méfier de cette trop belle donzelle au regard de braise qui l’avait bel et bien envoûté. Il avait été piégé comme un rat ! Car en vérité, ce n’était qu’une gourgandine de la pire espèce qui passait son temps à se pomponner, pendant que lui, dès potron-minet, s’échinait sur son tracteur. Elle ne se cassait pas non plus la nénette pour tenir les rênes de la maison, même si c’était elle qui portait le pantalon ! Diantre ! Ce n’était plus un poil dans la main qu’elle avait, mais un séquoia !!! Son seul talent était de raconter des carabistouilles à longueur de journée, pour se rendre intéressante. Et elle savait joindre le geste à la parole, la péronnelle ! Elle en brassait du vent à tout berzingue ! Saperlipopette, elle en faisait des momeries et des minauderies ! Et pour comble de bonheur, cette sainte-nitouche avait toujours un pet de travers ! Une valétudinaire patentée qui se languissait de moult maux imaginaires. Par-dessus le marché, elle l’avait affublé d’un vilain sobriquet en le traitant de « fesse-mathieu ». Scrogneugneu ! Si ce n’était pas malheureux ! Lui, pingre ? Macache ! Lui, qui venait de lui offrir une ancienne lampe Berger en cristal de Baccarat qui lui avait coûté bonbon ! Elle ne manquait pas d’air ! Il ne fallait tout de même pas pousser « pépé » dans les orties ! Il en avait plus qu’assez de son air hypocrite et goguenard. Il en avait ras la casquette de ses oripeaux inutiles, de ses fanfreluches affriolantes, de ses colifichets et tout le saint-frusquin ! Il n’éprouvait plus rien pour cette greluche provocante qui se prélassait au lit et l’accablait de reproches incessants, de propos infamants et de critiques infondées. Il était devenu le parfait bouc-émissaire de Madame. Et il était comme une poule qui n’avait qu’un poussin… Il se faisait un sang d’encre. Lui, si zen auparavant, n’était plus qu’un paquet de nerfs angoissé et tourmenté. Il avait de quoi se faire du mouron ! Même leur chat Calisson, à la fois câlin et polisson, avait fini par la prendre en grippe ! Aussitôt qu’elle apparaissait dans son champ de vision, le petit félin s’enfuyait à toutes pattes. Il se souvenait certainement qu’elle avait failli l’empoisonner avec du poisson avarié, l’an passé. Mathieu n’avait plus qu’une obsession, trouver un moyen pour se débarrasser de cette encombrante « belle-en-cuisse » …
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Commentaires
1cecileMardi 15 Décembre 2015 à 07:21Répondrebravo pour ta récompense, texte très bien écrit - je te souhaite une bonne journée - ici c'est la pluie qui est de retour, mais un temps très très doux - bisous Mamy Annick
Bonjour Béa bravo pour ton classement, ton texte le mérite , j'ai beaucoup aimé . Ah pauvre Mathieu ! Bonne journée. bisous
Excellent ! Quel talent, Béa ! Il ne m'étonne pas que tu aies remporté ce prix. Ton texte est superbement écrit, riche en vocabulaire et bourré d'humour. Bravo ! Je suis fan à 100%
Bonne journée de mardi.
Bisous,
Martine
mes félicitations pour cette 2ème place !!
une belle histoire et des mots bien placés !!
big bisous-9louise minouMardi 15 Décembre 2015 à 14:00Félicitations pour la récompense d'un si beau texte.
Pauvre Mathieu.
Tel est pris qui croyait prendre.
Bisous
louise Minou
Un texte super coloré, ponctué de mots doux provençal, tels que je les aime. Quelle verve mon amie, et quel lyrisme, je me suis régalée de cette jolie plume. Bisous béa c'est une belle réussite et une seconde place bien méritée.
Un grand bravo Béa pour ton texte qui a bien mérité son prix.
Pauvre Mathieu ... mais il n'aurait pas dû se laisser éblouir pas la beauté de Galina et il aurait dû garder Mauricette, femme du terroir tout comme lui.
Ah les hommes dès qu'on leur jette de la poudre aux yeux ... !!
Bisous pluvieux
Surfingmoune
19RiotMercredi 2 Mars 2016 à 11:55Ma très chère Cousinette Béa,
Hé bé oui, la fleur peut réservée des surprises et en plus elle peut sentir mauvais.
Nous "les hommes sommes fragiles devant les sirènes".... qui peuvent être parfois des dragons !!!
Je t'embrasse cousinette !!!
Patrick Riot
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