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Le rhinocéros de Louis XV
Photo Wikipedia Rhinocéros de Louis XV
Acquis pour le roi de France Louis XV en 1769 par Chevalier, le gouverneur de Chandernagor, alors comptoir français, le rhinocéros indien fut ramené à Lorient par le capitaine François Magny à bord du Duc de Praslin. Lors d'une escale à l'île de France (île Maurice) le public fut admis à bord pour venir le voir. L'écrivain Bernardin de Saint-Pierre, qui faisait partie des visiteurs, remarqua que si le rhinocéros était « fort et méchant», comme le note François Magny sur le journal de bord, il tolérait comme amie une petite chèvre qui partageait son foin entre ses pattes.
L'animal débarqua à Lorient le 4 juin 1770, et dut attendre deux mois et demi que l'on prépare une charrette à bœuf spéciale pour le transporter jusqu'à la ménagerie royale de Versailles, sa destination finale. Il y parvint après bien des péripéties le 11 septembre. Ce rhinocéros fut exposé au public pendant 22 ans, bien que la ménagerie royale ait commencé à décliner à partir de 1785.
Pendant les troubles de la Révolution, des sans-culottes bien intentionnés auraient un moment vu dans la ménagerie royale une autre Bastille, mais la perspective de relâcher dans la nature un rhinocéros et un lion les aurait fait renoncer à leur projet. Plus sérieusement il fallait fermer cette ménagerie que plus personne ne visitait et qui n'abritait plus en 1792 qu'un lion du Sénégal, un bubale, un quagga, quelques paons et le vieux rhinocéros qui allait vers son quart de siècle (record à l'époque pour un rhinocéros en captivité et hommage aux soins apportés par le personnel de la ménagerie). L'intendant écrivit donc à Bernardin de Saint-Pierre, qui était à l'époque le directeur du Jardin national des Plantes à Paris, pour lui suggérer de transférer les animaux dans la capitale qui ne possédait pas encore de zoo. Bernardin de Saint-Pierre fit le déplacement à Versailles, reconnut notamment le rhinocéros qui venait chercher les caresses à travers les barreaux de son enclos, et rédigea à son retour un Mémoire sur la nécessité de joindre une ménagerie au Jardin national des plantes de Paris, adressé au ministre de l'Intérieur de l'époque.
Le projet fut mené à bien (la ménagerie du Jardin des plantes existe toujours aujourd'hui). Mais le rhinocéros n'y arriva pas vivant, tué par un coup de sabre. Une note de Georges Cuvier (1769-1832) signale qu'on le retrouva mort dans son bassin de Versailles le 2 vendémiaire an II (23 septembre 1793). Sa dépouille fut transférée à Paris, au tout nouveau Muséum national d'histoire naturelle, où elle fut disséquée et naturalisée par Jean-Claude Mertrud et Félix Vicq d'Azyr. C'est la première opération de taxidermie moderne sur un animal de cette taille. Cette naturalisation eut lieu sous une tente dressée devant l'amphithéâtre du muséum, fin septembre, dans des conditions telles que lorsque Félix Vicq d'Azyr mourut l'année suivante en 1794 à 46 ans, certains attribuèrent sa mort à cette opération.
Le squelette du rhinocéros de Louis XV se trouve aujourd'hui exposé dans la galerie d'Anatomie comparée, tandis que l'animal naturalisé, sa peau vernie tendue sur une armature cylindrique de chêne et de cerceaux de noisetier, et récemment restauré, est visible depuis 1994 au troisième niveau de la grande galerie de l'Évolution. Au moment de sa restauration en 1992 on se rendit compte que sa corne ne lui appartenait pas : c'était l'ajout d'une corne de rhinocéros noir, la corne d'origine ayant disparu. Elle fut remplacée par le moulage d'une corne tronquée de rhinocéros indien, provenant des anciennes collections royales, corne qui peut d'ailleurs avoir appartenu au rhinocéros de Louis XV.
(Source Wikipedia -rhinocéros célèbres en Europe )
Un document complémentaire est à consulter ici
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Commentaires
J'avais un peu entendu parler de cette histoire sans en connaître les détails, merci.
Triste fin tout de même pour ce pauvre animal
Eh bien !! Quelle aventure ! Tout cela ne vaut pas le rhino rencontré par Danaé à dos d'éléphant...
5PYLMardi 19 Septembre 2017 à 10:27Ma très chère Cousinette Béa,
A la lecture de ton texte, j'y retiens deux éléments et non pas des moindres, ce que l'époque nous a transmis, ensuite la vie de cet animal et sa fin tragique.
L'agitation générale qu'il y avait dans ce moment-là, fait que c'est un bonheur de retrouver l'héritage de ce qu'il y avait été religieusement conservé.
La révolution nous lègue ses bienfaits puis ses déconvenues.....et ses têtes coupées !!!
Triste sort d'une monarchie décadente et naissance d'une République, l'Histoire de France en garde encore et fort heureusement cette empreinte incontournable jusqu'à ce jour.
La taxidermie n'était pas encore au point puis l'usage du gros tronc de chêne et des cerceaux de noisetier, modifient quelque peu sa véritable forme, enfin...
Quant à sa corne, oh......hélas un commencement de l'usage de l'ivoire naissait ???
Enfin, les conservateurs actuels, font qu'ils font le nécessaire pour lui offrir une vie....
Merci pour ce pan d'Histoire Béa !!!
Je t'embrasse Béa et à bientôt !!!
Patrick Riot
6Chat pitreMardi 19 Septembre 2017 à 13:25Je ne connaissais pas du tout cette histoire, merci beaucoup de nous l'avoir racontée.
Bisous
9Laurence C.Mardi 19 Septembre 2017 à 20:26Un destin tragique pour ce pauvre rhinocéros... mais au vécu peu ordinaire !
De nos jours, les rhinocéros sont victimes d'un braconnage de masse et c'est encore un animal menacé d'extinction. Quand on pense que les assos de protection leur coupent la corne dans le but de les protéger, en arriver là à cause de la folie humaine ! On a tant à apprendre des animaux !
Bises et bonne soirée Béa.
Pauvre animal, les bêtes sauvages ont un espace naturel, se décidera-t'on à les laisser en paix ...
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Je ne connaissais pas du tout cette histoire. Merci pour ce partage.