Il est là, couché près de mes pieds, comme toujours.
Il ne demande rien, mais il entend tout.
Même ce que je ne dis pas.
Je lui parle à voix basse. Pas pour qu’il m’écoute. Pour que mes mots existent quelque part. Des mots qu’on ne dit pas aux gens. Trop simples, trop fatigués, trop vrais.
Je lui dis que j’ai eu peur, cette nuit. Que le silence était trop grand, que mon cœur battait trop vite.
Je lui dis que parfois je m’ennuie, même si j’ai tout ce qu’il faut. Que la solitude ne fait pas de bruit, mais qu’elle griffe quand même.
Je lui dis que j’aurais aimé qu’on m’aime plus tendrement. Plus longtemps.
Et je lui dis aussi que je suis fatiguée. Pas triste. Juste… fatiguée d’être forte.
Il m’écoute. Toujours.
Ses yeux me suivent, pleins de patience. Il ne juge pas. Il ne coupe pas. Il ne change pas de sujet. Il est là.
Et dans ce regard-là, je dépose ce que je ne peux porter seule.
Il comprend, je crois. Peut-être pas les mots, mais l’âme derrière. Il sait quand je mens en disant "ça va". Il sait quand j’ai besoin de sa tête posée sur ma main.
Ce chien n’a pas appris à parler. Mais il a tout compris de moi.
Et parfois, dans le silence du soir, je me dis que c’est peut-être ça, l’amour.
Être là. Juste là.
Sans poser de question.