Bienvenue chez moi avec des chats, des pensées du Jour et des tableaux de chats
Chevreuils, avant 1860 Rosa Bonheur Wallace Collection, Londres
Le syndrome de Bambi se définit par un attendrissement exagéré pour le sort des animaux. Alors que cette attitude part d’un bon sentiment, les promeneurs, lorsqu’ils trouvent un jeune animal seul, pense bien faire en le touchant, le manipulant et, parfois même, en le déplaçant jusqu’à des centres de soins de la faune sauvage. Erreur ! Beaucoup de jeunes animaux, en printemps et en été, sont seuls mais cela ne signifie pas qu’ils sont orphelins.
Il est important, dans ces cas-là, de laisser faire la nature : généralement, les mères de ces animaux partent chercher à manger… et reviennent quelques heures plus tard récupérer leurs petits ! Il est en effet plus risqué pour les mères de partir se nourrir avec leurs petits plutôt que de les laisser cachés. Malheureusement, si un faon par exemple est touché par l'humain, même affectueusement, il peut être imprégné d’une odeur qui n’est pas la sienne. Le faon risque alors de se voir rejeté et abandonné par sa famille. Certaines techniques, comme frotter le faon avec des feuilles d’arbre peuvent s’avérer efficaces afin de camoufler l'odeur : pour autant, il vaut mieux ne pas le toucher du tout pour ne pas le condamner.
Chez certains oisillons comme les chouettes hulottes par exemple, les petits mettent parfois plus d’un mois à apprendre à voler : il n’est donc pas rare de trouver des bébés au sol. C'est simplement un temps de "transition" jusqu'à ce qu'ils volent de leurs propres ailes !
Le phénomène est similaire sur les côtes, chez les phoques : les touristes ont tendance à s’approcher bien trop près des phoques, ce qui a pour conséquence d’effrayer les mères. Par peur et pour leur survie, elles s’enfuient et laissent leurs petits seuls, voués à eux-mêmes. Il n’est pas rare, dans ce cas, qu’ils meurent de faim car ils sont trop petits pour se débrouiller seuls. La nature est cruelle, vous direz-vous ! En réalité, c’est à nous de prendre conscience qu’il ne faut surtout pas déranger la faune sauvage : avant de s'approcher, il faut se rappeler des conséquences dramatiques que peuvent engendrer cette promiscuité. Pensez-vous vraiment que le plaisir personnel de l’humain vaille coup de tuer un bébé phoque de seulement quelques semaines ? L’intervention humaine n’est absolument pas nécessaire : elle est même contre-productive puisque les petits sont ensuite arrachés à leurs mères. Le travail d’un centre de soins ne remplacera jamais le travail d’une mère dans la nature.
Et puis… souvenez-vous de Freya, cette morse du fjord d’Oslo tout récemment euthanasiée par les autorités norvégiennes parce qu’elle représentait un soi-disant risque pour la population qui s’approchait trop d’elle...
Il en est de même avec les chats : notre bon cœur nous pousse naturellement à vouloir venir en aide aux chats errants (surtout les chatons), en les capturant et en leur imposant une vie de « chats de compagnie », en captivité, afin de ne pas leur faire subir un quotidien que nous jugeons « misérable ». Là encore, c’est l’expression du syndrome de Bambi : la vie de chat errant est peut-être dure, dangereuse et plus courte qu’une vie de chat de compagnie, mais elle est ainsi. Un chat errant n’est pas forcément un chat en détresse, loin de là. Vouloir extraire des individus félins (lesquels, on a tendance à l’oublier, appartiennent autant à la faune sauvage qu’à la faune domestique) de leur milieu naturel, c’est agir avec notre regard d’être humain, et ce n’est pas toujours dans le meilleur intérêt du chat que l’on croit sauver…
Intervenir seulement en cas de danger réel
Intervenir n’est utile qu’en cas de blessure apparente de l’animal ou si l’animal se trouve dans une grande zone de danger (au bord de la route pour des oisillons, par exemple). Dans ce cas, pas de panique : il est possible de les replacer un peu plus loin, les mères seront averties par le cri des petits. En cas de doute, il faut contacter un centre de soins qui pourra vous guider sur ce qui est le mieux à faire.
De plus, il faut savoir que les vétérinaires acceptant de prendre en charge des animaux de la faune sauvage sont hélas (trop) rares. Si vous emmenez un renard, un hérisson, un pigeon ou tout autre animal sauvage chez un vétérinaire « classique », il risque fort de refuser de le soigner et décider de l’euthanasier. Les centres de soins de la faune sauvage sont supposés recueillir ces animaux. Mais ils sont bien trop peu nombreux en France… Quant à la détention d’animaux sauvages par des particuliers, elle est interdite par la loi.
Il est important de ne pas assouvir l’égoïsme humain en tentant de vouloir intervenir : la nature est bien faite et elle n’a pas besoin de nous. En fait, elle n’a besoin de nous que lorsqu’il s’agit de réparer la propre erreur humaine : les chocs avec des véhicules, les impacts des oiseaux sur les fenêtres, les chauve-souris coincées dans de la colle tue-mouche… Finalement, il s’agit de contrecarrer la bêtise humaine en venant en aide à la faune sauvage qui s'est blessée par notre faute, par nos infrastructures, par nos moyens de transport, par notre mode de vie.
AVA Refuge (Agir pour la Vie Animale- Communiqué du 21/08/2022)