• Lettre de l’étoile de mer aux humains déconfinés

    Lettre des animaux aux humains déconfinés : l’étoile de mer

                              Wikipedia Etoiles de mer

    Planche « Asteroidea » dans les Kunstformen der Natur d'Ernst Haeckel, 1904. Cette planche montre, entre autres, les différents stades de développement d'une Asterias rubens et quelques autres espèces.

     

    Encore une lettre magnifique et bien tournée... 

    Je la partage. Voir l'article chez Jean-Louis ici Nature ici ailleurs

     

    Au premier abord, l'étoile de mer ne semble pas particulièrement passionnante. Pourtant, cette espèce d'animal marin vaut le détour et mérite mieux que finir en objet de décoration moche.

    Approchez-vous… davantage encore. Vous les voyez mes centaines, que dis-je, mes milliers de pieds qui me permettent d’avancer à la vitesse respectable de 14 centimètres à la minute ? Rigoureusement alignée, mon armée pédestre s’étire vers une destination improbable. En apparence seulement car, si je progresse avec détermination, c’est que j’ai faim. Au menu : des crustacés, des oursins et, bien sûr, des moules ou des huitres. J’avoue humblement que mon bonheur ne fait pas celui des conchyliculteurs mais il faut bien que je vive moi aussi. Et lorsque j’approche ces « bouchots » hérissés de moules, je succombe à la tentation. Pour les ouvrir, j’en appelle encore à mes pieds, ces admirables outils qui sont équipés de ventouses capables d’exercer une terrible pression sur les coquilles. Il est rare qu’elles résistent. À peine ouvertes, mon estomac passe à l’action. Sa technique est redoutable. Il pénètre dans la moule et entame la digestion. Peu importe le temps que cela prendra, je me gave, c’est tout ce qui compte. Quand j’estime qu’il n’y a plus rien à manger, parfois après plusieurs heures, mon estomac reprend sa place dans mon intimité pour finir sa digestion tranquillement.

    Parmi nos singularités, je ne résiste pas au plaisir de parler de nos bras. En principe nous en avons cinq mais, parmi nos 1 500 espèces, certaines en comptent 7, 10, voire jusqu’à 50 ! Cela dit, ce n’est pas tant le nombre qui présente un intérêt mais la constitution des bras en question. Au bout de chacun d’entre eux, nous possédons un œil nous permettant de nous orienter. Quant à notre épiderme, il est hypersensible. Les éléments chimiques de l’eau ou même l’intensité lumineuse est ainsi appréciée.

    Si nous préférons nous activer durant la nuit, il nous faut aussi penser à la pérennité du clan. C’est au début de l’été que l’idée nous démange. Pas question pour autant de nous livrer à un quelconque kamasoutra malgré nos bras prometteurs. Chacun reste dans son coin mais mâle et femelle coordonnent leur désir pour libérer simultanément des œufs et du sperme. Le hasard des courants fera le reste. La fécondation donnera vie à une larve planctonique qui, après bien des métamorphoses, finira par nous ressembler. Comme nous, elle aura l’étonnante capacité de régénérer l’un de ses membres si il venait à être coupé, un peu comme la queue des lézards. Ce merveilleux potentiel ne nous épargne pourtant pas de tous les dangers. De nombreux prédateurs rodent. Les goélands, les poissons aux puissantes mâchoires, les crabes, les loutres de mer ou même la fragile mais redoutable crevette arlequin peuvent mettre fin à notre destin.

    À cette funeste liste, je dois ajouter votre goût pour les souvenirs. Nous sommes bien souvent vendues desséchées et peinturlurées pour finir en objet décoratifs. Cette industrie n’est pas la plus meurtrière pour notre avenir mais elle ajoute aux nombreux dangers que nous devons endurer. Aucune étoile de mer ne vit sur terre ou en eau douce. Nous incarnons la richesse exceptionnelle du milieu marin. Préservez les ambassadrices que nous sommes…

    Allain Bougrain-Dubourg/Charlie Hebdo (28.07.2020)


  • Commentaires

    1
    Lundi 17 Août 2020 à 02:56
    colettedc

    Merci de l'intéressant partage Béa ! Bon lundi ! Bises

    2
    Lundi 17 Août 2020 à 05:22

    Bonjour superbe article l'humain crois que tout lui appartient! bonne journée bisous

    3
    Lundi 17 Août 2020 à 07:21

    Billet très intéressant.

    Bises et bon début de semaine Béa

    4
    Lundi 17 Août 2020 à 10:16

    Superbe ! bisous

    5
    Lundi 17 Août 2020 à 16:30
    Renée

    et en plus j'ajoute qu'il ne faut pas les toucher si on en voit dans la mer c'est pas bon pour elles......Très bon article Béa merci. Bisous

    6
    Lundi 17 Août 2020 à 17:24
    Floralie

    Bonjour ma douce Béa,

    Superbe article Béa, je suis bien heureuse d'apprendre tout ça !

    Gros bisous et douce soirée !

    7
    Samedi 22 Août 2020 à 20:47
    claudia

    C'est beau !

    8
    Dimanche 23 Août 2020 à 20:51

    Quand j'étais enfant, j'en voyais beaucoup, sur les mêmes plages et aujourd'hui il n'y en a plus. Bonne soirée et bisous

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