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Lettre du veau aux humains déconfinés
Ascète (sadhu) hindou avec un veau :
Les bovins, petits, sont comparés au soleil dans l'hindouisme.
Photo Wikipedia
Je partage une lettre émouvante trouvée chez Jean-Louis Nature ici ailleurs
Né pour souffrir, tel est le destin que vous m’imposez. À peine familiarisé avec les mamelles de ma mère, vous m’avez arraché à notre complicité. J’avais à peine 15 jours lorsque vous nous avez séparés. Ça meuglait dans les bâtiments d’élevage mais nos appels déchirants n’ont pas ébranlé votre détermination.
J’ai vu le jour en Irlande, qui compte presqu’autant de vaches que d’habitants, et comme mes semblables je vais subir le calvaire d’un voyage odieux. Objectif : atteindre les Pays-Bas, soit quelques 2 000 km parcourus en plus de 50 heures de transport. Après 18 heures de traversée de la Manche, notre première escale est à Couville, près de Cherbourg. Ce centre de transit peut héberger 2 700 veaux non sevrés, comme moi, ou 300 bovins. Ici on ne traine pas. Rappelé à l’ordre à coups de bâton ou de pied, on doit reprendre la route.
Une enquête conduite par L214 et Eyes on Animals témoigne de votre violence. Bien naïvement, nous espérions pourtant une trêve. Durant le temps de confinement, le gouvernement Français n’avait il pas assuré que les déplacements devraient être réduits au minimum ? Virus ou pas, les bétaillères ont tournées à plein pour rejoindre les élevages intensifs. Outre l’Irlande, nous devons traverser la France et la Belgique avant d’atteindre les Pays-Bas. Beaucoup d’entre nous ne résistent pas à cet exode accablant. Notre jeune âge nous rend fragiles. Nous n’avons pas encore le cuir tanné. Du reste, l’aurons nous un jour et peut-on le souhaiter ? Stressés, usés de fatigue, sous alimentés et pas davantage abreuvés, nous encaissons les kilomètres en espérant que nos faibles forces parviennent malgré tout à nous préserver. Les plus affaiblis d’entre nous sont euthanasiés en chemin. Quant aux survivants, ils vont rejoindre ce pays qui se flatte d’avoir la plus grande densité de veaux au monde. J’arrive chez les pionniers de l’engraissement intensif, les rois de l’importation avec plus de 700 000 veaux venus également d’Allemagne et de Belgique. Mon avenir est tout tracé. Après avoir été « engraissé », je serai abattu sur place puis ma pauvre carcasse repartira vers l’Italie, la France ou l’Allemagne.
Sensibles à notre détresse, 38 ONG européennes de défense des animaux et 42 eurodéputés ont adressé une lettre à la Commission Européenne pour rappeler les risques sanitaires à transporter des animaux vivants durant une pandémie. Témoins de notre adversité, ils ont souligné également que l’on ne pouvait pas garantir l’absence de souffrance durant ces temps de crise. Par conséquent, ils conjurent d’interdire immédiatement le transport d’animaux de plus de 8 heures, d’interdire immédiatement le transport des animaux par voies maritimes, et enfin d’interdire immédiatement les exportations d’animaux vers des pays tiers…
De plus, pour mobilier l’opinion publique, l’association L214 a lancé une pétition qui invite chaque citoyen à s’engager : de grâce, soutenez cette initiative. Vous avez le pouvoir de mettre un terme à ces exodes insupportables…
Allain Bougrain-Dubourg/Charlie Hebdo
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Commentaires
2cécilepreuvotMercredi 29 Juillet 2020 à 12:37c'est la triste réalité de l'industrie laitière et de la viande .... j'ai signé bien sûr ... mais est ce que ça va changer les choses ? ça me donne tellement envie de pleurer.
Des transports qui ne devraient plus avoir lieu , j'ai déjà signé une pétition il y a quelques temps et je vois que ça continue , c'est inadmissible .
Merci d'avoir partagé cette lettre .
Bisous Béa
Bonsoir chère Béa,
Quel calvaire pour ces pauvres animaux ! C'est aberrant de voir encore ça de nos jours. J'ai signé, ça va de soi.
Bonne soirée à toi, mon amie.
Bisous fleuris,
Martine
On ne peut pas résister insensible à la souffrance de ces animaux.
Comme beaucoup, j'ai signé.
Belle journée.
C'est un reportage sur ces ignobles transports qui m'a fait cesser de manger de la viande, ... il y a une 20 aine d'années!!! Et on en est toujours là! Quelle horreur et quelle honte!
que dire? ignoble à pleurer; je reconnais manger encore de la viande de temps en temps, en sous produit, rarement en morceau à griller, uniquement cochon fermier et ici nous avons du local ; il y a longtemps que je refuse de manger du veau, de l agneau et du lapin et pourtant j 'aimais ces viandes ...plus de viande rouge non plus ou rarement, pour une daube et locale, ayant passé sa vie aux prés. Il est inconcevable de faire souffrir ces animaux, autant durant leur vie qu il faut leur rendre la plus confortable possible que pendant leur passage à trépas; je signe bien sûr ....
Je ne mange plus de viande depuis des années et ce texte ne m'incite pas du tout à reprendre mes habitudes d'avant.
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Merci de nous partager cette lettre Béa ! Bon mercredi toit entier ! Bises♥